Voyager au tibet

Par Marie Favre


Le long de la route, surtout dans les cols, nous voyons des drapeaux de prière attachés à de hauts mats claquer au vent;

Nous nous arrêtons pour manger, dans une petite auberge ;

On demande des bières.

Rire sympathique des propriétaires qui nous disent qu'en tant que musulmans ils n'en vendent pas.

Par contre ils nous proposent des succulentes nouilles, et beaucoup de viande, bouillie et rôtie, avec quelques légumes sautés pour trois fois rien.

Voici notre premier contact avec les musulmans du GanSu, des commerçants.

Ce que l'on vérifiera tout le long du périple:



Les Tibétains prient dans les temples, les musulmans mènent à leur façon l'économie.

Les guides touristiques évoquent plus qu'il ne faut les vestiges bouddhiques, les temples tibétains de l'Amdo, de ces régions,

mais quasiment aucun ne parle de la présence des musulmans en tant que musulmans;

Ils se contentent de parler de "minorités".



Or déjà notre première ville étape, Xi Ning possède une mosquée datant du XIV siècle.



Notre voyage va donc être un désir de rencontre des deux cultures, le Bouddhisme tibétain et l'Islam



Nous continuons notre route quand brusquement, surgissent dans le ciel, au détour d'un virage, deux minarets à la turque d'une mosquée.



Nous hurlons aux chauffeurs de s'arrêter, ce qu'ils font de méchante humeur, car ils trouvent que nous multiplions déjà trop les visites de sites tibétains;

Nous pouffons de rire quand, dans un soupir exaspéré l'un dit à l'autre " eh bien! S’ils se mettent aussi à visiter les mosquées, on n'a pas fini!" .

Aussitôt la voiture arrêtée, les gens arrivent en curieux.


Hommes, enfants et un peu en retrait, des femmes avec le gaitou. (la cagoule de couleur différente selon l'âge) et symbole des musulmanes

On demande le nom des enfants comme entrée en matière.

Et voilà qu 'on nous présente Souad, Hind, Ahmed, Selma;

On se fait conduire vers la mosquée qui, neuve et en béton, de près nous déçoit.



Mais le chemin pour nous y rendre vaut le détour;

Nous nous serions cru dans la vallée de Ouirgane, au- dessus de Marrakech, à Asni, marchant entre des murs de pisé plus hauts que nous et traçant des allées sinueuses;


Une famille veut nous faire visiter sa demeure:

très propre, spacieuse maison de fermier, équipée d'un convecteur d'énergie, bricolé, dirait-on, d'une grande plaque d'aluminium recouverte de tessons rectangulaires de verre.


La femme cueille des jujubes et nous les offre;

Derrière, un jardin potager, des fleurs et au loin, un champ.

Marie Favre