Préparer Son Voyage en Chine

Par Marie Favre


Partir en chine demande un minimum de préparation culturelle: elle est trop riche, complexe et multiple pour y aller les mains dans les poches et le nez au vent!

Les difficultés sont multiples.

Mais elles sont stimulantes!

Certaines sont communes à tous les étrangers, d’autres nous sont spécifiques.

Pour ce qui concerne les causes communes:

La langue tout d’abord.

Le recours à l’anglais, encore mal maîtrisé, entraîne des frais de traduction, des pertes de temps et des risques d’incompréhension aux conséquences considérables.


La culture après.

Les différences culturelles peuvent être conflictuelles: alors que notre conception des affaires exige une prévision minutieuse des droits et obligations de chacun, celle des Chinois est contraire: les contrats ne sont que des contrats qui figent les choses alors que celles-ci évoluent de manière imprévisible.


Pour évoluer en harmonie avec son environnement, il faut des relations personnelles, étroites et suivies, permettant de se connaître, de se comprendre, d’échanger des informations et de prendre au moment opportun les décisions que la situation impose.

La distance, le décalage horaire, les conditions climatiques, la nourriture, ensuite. Tous ces facteurs ont un coût en termes d’argent, de fatigue ou de troubles dont le cumul n’est pas négligeable.


Nous savons tous qu’Ibn Battouta est allé en Chine, nous ignorons que 13 ans avant lui, le grand voyageur chinois Wang Da Yuan avait fait halte à Tanger, qu’il décrit dans ses relations de voyage et qu’avant lui encore, des émissaires du second empereur Yuan y avaient aussi séjourné en 1303: c’est ce que nous rapportent les annales de cette dynastie descendant de Gengis Khan.

Tirons de l’Histoire la morale: un travail rigoureux “d’interculturalité” semble indispensable!

Une chronique régulière retraçant les périples à travers cette chine multiple facilitera l'approche de ce pays fascinant et irritant

Aujourd'hui j'évoque le thé, un de ses aspects: la cérémonie du thé

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C'est une véritable initiation :

Chaque chose en son temps.

Il faut intérioriser l'esprit des maîtres, le geste a de la valeur, chacun des gestes, les finir


Chaque geste s'épanouit dans l'instant présent, cette éternité.


Le thé est influencé par le geste, le goût.


Le geste appelle le goût (prendre la tasse, la boire),


Puis après le goût, geste sublimé, un peu comme une respiration


Le goût est d'ailleurs ' une communication entre le monde intérieur et extérieur, entre souvenirs, émotions, élaborations de critères esthétiques personnels, saveurs rencontrées à l'instant présent ' (Proust).


Le geste est pratiqué et non théorie.


Avec le thé, dit encore Montserren. On est un lieu de passage, libre pour les diverses inspirations, influences. Former un, sans perte d'identité. Ne pas appliquer une grille de lecture sur la liqueur bue. Mais plutôt se rendre disponible à la recevoir.

Goûter le thé requiert de l'énergie :


Permettre le passage de la liqueur et l'accueillir.


État de présence, de révélation, se vider, être sans intérêt, disponible. Accueillir la lumière.


La cérémonie du thé demande également à se mettre en harmonie avec le lieu pour être en harmonie avec soi même. Le lieu où l'on se tient devient alors lieu de franchissement ( je franchis ce petit cercle ), puis lieu d'affranchissement ( je suis le grand cercle ).


J'éprouve le vide autour de moi.

C'est aussi un travail sur le temps : on le vit, on ne le pense pas.


On inspire/expire.


Le thé est un acte de création :


il faut se dépouiller des soucis mondains, profanes.


Il existe des maîtres de thé qui par leur engagement complet, leur travail, leur personnalité ont sur la Voie du thé apporté une œuvre mystique.

Ils invitent le disciple à avoir accès à l'expérience.

Le travail de leur enseignement est une partie de la Voie et non une connaissance intellectuelle.



Or avoir accès à l'expérience, c'est avoir accès soi-même aux messages, de libération.

Il faut, dans la Voie du thé, non être normal mais juste

Car personne ne peut tracer le chemin à votre place. ' Etre soi et avancer sur le chemin '.



Ainsi boire du thé incite à tout un travail sur soi-même, à être éveillé.



Le thé se boit avec sincérité, respect, amour, avec le coeur. Un buveur de thé déclare : ' Chaque légère gorgée est un coup de bêche : même effort régulier, même geste léger, sans pesanteur. C'est une question de rythme, de respiration '. Le travail de la cérémonie du thé n'est pas celui de la maîtriser mais se maîtriser (cf la calligraphie).



Cette spontanéité n'est pas innée.



La maîtrise, due à l'entraînement, à la répétition inlassable du geste, ne quitte jamais les voies de l'humilité et n'apparaît que lorsqu'on s'est dépouillé de l'orgueil.



Il y a une condition de sincérité exigeante, incontournable.



Pratiquer la cérémonie, c'est pour se vivre en harmonie : se libérer car être est une ambition, comme avoir le geste sûr, l'état d'éveil.



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Mais déjà découvrez la chine par ces quelques livres

Ceux de François Julien, d'Anne Cheng, de Fabienne Verdier

Marie Favre


Source : Contenu-Gratuit.com